Prévoyance collective, les entreprises « à la croisée des chemins » selon Axa France
La compagnie analyse pour la deuxième fois son portefeuille en prévoyance collective pour alerter sur la dégradation du risque absentéisme. Mais pour cette nouvelle édition, Axa France entend élargir son spectre d’analyse au-delà du seul risque arrêt de travail et alerter les entreprises sur l’émergence durable d’un nouveau monde du travail.
Gwendal Perrin
\ 08h34
Gwendal Perrin
Le retour vers un monde du travail « d’avant Covid » paraît illusoire pour Axa France.
Une hausse de 30% du taux d'absentéisme... vouée à perdurer
La compagnie, qui assure globalement un salarié sur six en santé et/ou prévoyance, vient de publier la deuxième édition de son Datascope, analysant les données de son portefeuille en prévoyance collective – « ce qui représente environ trois millions de salariés et 400 millions de données », souligne en guise de préambule la directrice d’Axa Santé & Collectives Diane Milleron-Deperrois.
Si la première édition de cette analyse se focalisait essentiellement sur l’absentéisme, Axa France a quelque peu élargi son analyse pour cette deuxième mouture. Toutefois, le constat de base reste le même : avec un taux d’absentéisme de 4,2% pour l’année 2023 (contre 3,2% en 2019, dernière année pré-Covid), une hausse de ce taux de 30% depuis cette même année de référence sur les seuls salariés de moins de 30 ans et un poids toujours plus fort des troubles psychologiques pour expliquer les arrêts de travail de longue durée, la situation de ce risque est dégradée sur une longue période.
Les troubles psy plus que jamais motif d'arrêt le plus important
« Nous entrons réellement dans un monde d’après, estime Yves Hérault, directeur data d’Axa Santé et Collectives. Le poids des troubles psy dans les arrêts de plus de 60 jours (NDLR : que, par définition, Axa France indemnise en intégralité en tant qu’assureur complémentaire) a grimpé de 6,3 points depuis 2019, passant de 18,2% à 24,5%. Dans le même temps, le poids des TMS progresse ‘seulement’ de 1,6 point à 22,6% ». Il est également notable que si l’âge moyen de survenance des TMS est stable autour de 45,7 ans, celui sur les troubles psy baisse progressivement chaque année (-1,7 ans à 41,6 ans désormais). Un écart encore plus important est remarquable chez les femmes, où la part des arrêts longue durée liée aux troubles psy a grimpé de plus de dix points depuis 2019 à 31,4% !
Une autre nouveauté de cette deuxième édition du Datascope a trait au découpage par métiers, ainsi que par taille d’entreprise, de cet absentéisme : « nous commençons à voir de vraies différences entre secteurs », note Yves Hérault. Trois familles sont à noter : les métiers où le taux d’absentéisme reste sensiblement plus élevé en 2023 qu’en 2019, ceux où l’inflexion est notable en 2023 tout en restant bien au-delà des niveaux de 2019 et, enfin, ceux où les niveaux de 2023 se rapprochent de ceux de 2019. Le secteur des banques, établissements financiers et autres assureurs figure dans la deuxième et parmi les plus bas tous métiers confondus, passant de 2,5 à 3,6% entre 2019 et 2022 et, pour 2023, de 3%.
De nouveaux sujets émergents – dont le télétravail
Mais donc, pour ce Datascope 2024, Axa France a testé de nouveaux indicateurs pour expliquer ces évolutions du taux d’absentéisme. « Via des données notamment fournies par la déclaration sociale nominative (DSN) », précise Yves Hérault, la compagnie fait un lien clair entre ce taux et la pratique du télétravail : le différentiel est de 1,3 point en 2021 entre ceux ne le pratiquant pas et ceux le pratiquant, 1,8 point en 2022 (année où les variants Covid ont été très forts, notamment Omicron) et 1 point en 2023. Une corrélation équivalente est faite quant à la durée des arrêts, inférieure de 12 jours en 2021, 9 en 2022 et 7 en 2023. « Cette première analyse est à mettre en perspective avec les autres phénomènes décrits plus haut. Une dynamique à suivre, donc, dans le paysage contrasté de ce nouvel ordre du travail », note le Datascope.
Parmi les autres sujets émergents relevés par Diane Milleron-Deperrois figurent notamment l’essor du temps partiel thérapeutique (+162% entre 2019 et 2023) ainsi que la montée en puissance des congés de coparentalité. « Nous commençons également à avoir davantage de demandes d’accompagnement sur le sujet des aidants, même si ce dernier est encore difficile à quantifier », souligne-t-elle.
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